"De l'alpinisme sportif aux records de vitesse"
A partir de la fin des années 70, l'Alpinisme dans les Ecrins trouve un second souffle grâce aux progrès techniques déployées, dans les Calanques, à Buoux où dans le Verdon.
Jean Michel Cambon déjà auteur de nombreux itinéraires classiques (avec Bernard Francou) opère également sa mutation en appliquant les techniques utilisées en falaise et l'usage progressifs des "spits" (chevilles à expansion) puis des perforateurs portatifs qui permettent la création de lignes inenvisageables jusque-là, difficiles mais aussi mieux équipées. (face ouest de Sialouze, face nord du Pic Sans Nom, voies du contreforts du Pelvoux...)
Il faut saluer l'immense travail de cet infatigable ouvreur mais aussi celui, plus discret de Gérard Fiaschi et de quelques autres actifs. Peu à peu ils appliquent les techniques acquises en falaise : Préparation et nettoyage du haut, recherche du beau rocher mais aussi augmentation du nombre de protections... et pour Jean Michel, réalisation talentueuse de topos guides à compte d'auteur. Ce travail acharné contribue à développer l'escalade dans la vallée qui devient en une trentaine d'années un spot mondial de l'escalade. Le parc des Écrins, garant de la protection du milieu naturel, voyant le succès croissant du site et l'inévitable impact, oblige à créer des règles limitant les possibilités d'ouverture de voies.
Parallèlement à cette démocratisation, on assiste dès le début de cette période, à d'impressionnantes réalisations en solitaire. Un jeune Niçois, Patrick Bérault enchaîne les parois seul et sans assurance Ses performances, son élégance, sa gentillesse aussi, marquent toute une génération de grimpeurs dans laquelle s'inscrit à son tour, le surdoué Patrick Edlinger mais aussi les regrettés marseillais Pierre Farges et Vincent Fine.
La carrière de Patrick Berault aurait put être rapidement écourtée car la goulotte qui porte son nom au Pelvoux, détient un record qui semble tenir du miracle : L'été 78 avec son compagnon Pierre Brizzi, ils se relèvent indemnes après une chute de 800 m causée par une avalanche, déclenchée peu avant le sommet.
Gérard Chantriaux, ingénieur chez Pechiney, skipper, alpiniste skieur et inventeur réalise avec ses acolytes une impressionnante liste de couloirs à ski ainsi que l'ascension en solo de spectaculaires cascades de glace à Freissinières. Quelques années plus tard, face à la surenchère médiatique de trilogies dont l'épicentre se situent à Chamonix, Christophe Moulin enchaîne les faces nord de l'Oisans dans un style totalement épuré, discret et très engagé.
Hubert Fievet introduit un style qui appelle l'Ultratrail et qui s'inspire de l'athlétisme avec son record de vitesse aux Écrins, toujours valide, en 2h et 3 minutes...
Alors que l'on pensait difficile toute possibilité d'innovation, Lionel Daudet, citoyen de l'Argentière la Bessée, guide, explorateur et aujourd'hui écrivain, invente avec ses amis (2004 ) une Skyline qui suit une ligne de crête audacieuse reliant les sommets de l'Oisans.
Très récemment, malgré l'inquiétante régression des glaciers, l'évolution de la juridiction, les tensions entre aménagements et protection de nos espaces naturels, les réalisations de skieurs - alpinistes, de grimpeurs et de paralpinistes, dont les performances succitent tout autant d'effroi que d'enthousiasme, ouvrent le champ à un alpinisme toujours bien vivant.
Ces pages seront développées au cours de nos Randos conférences, Historique de l'alpinisme dans les Ecrins.
Infos à la demande.
Christophe Kern Guide
